Histoire d’un tambour chamanique
En novembre 2008, j’ai réalisé un deuxième tambour chamanique un peu plus petit que le premier.
J’ai choisi un diamètre de 43 cm avec une peau de bouquetin et lors de sa construction, je lui ai répété son nom et son intention, confirmé par un voyage chamanique.
Lors de mon arrivée dans notre ferme La Symphonie des Sens, j’ai constaté la casse d’un lien et effectué tout de suite une réparation.
Après le temps de séchage, j’ai commencé à jouer pour l’apprivoiser et le faire chanter.
Guna, c’est son nom, m’a alors accompagné pendant une année pour des voyages chamaniques ou des méditations, à l’intérieur ou à l’extérieur.
Le son clair et le chant mélodieux se développant lors de la frappe à séduit moult personnes et réveillé plein de souvenirs.
Un soir, Guna s’est fendu à l’endroit ou les liens passent dans la peau et il n’était plus possible de jouer en harmonie.
Je l’ai laissé quelques temps reposer et depuis ce vendredi j’ai entrepris une réparation.
Guna s’est laissé faire et le démontage a été très facile. J’ai fait la réparation à l’endroit déchiré et commencé à tendre la peau à la main autour du cercle.
Au deuxième passage, un autre endroit de la peau a cassé et j’ai refait une nouvelle réparation.
J’ai alors entrepris le tissage du lien en passant et repassant dans les trous tout en lui parlant du magnifique voyage fait durant tous ces mois.
Lors de la troisième et dernière tension du lien, un autre bout de peau a cassé, ce qui m’a laissé dans un profond questionnement.
J’ai alors entrepris un voyage chamanique afin de comprendre…
Dans le monde du milieu, près de l’arbre Igtrasyl, Guna est apparu et m’a conté l’histoire suivante :
« Je t’ai accompagné avec bonheur pour ton changement sur le chemin de ta vie ; il est temps, maintenant que tu as passé ce premier rituel d’intégration de ton nom ancestral, de te laisser poursuivre ce chemin avec un tambour qui te donnera un nouvel élan. N’oublie pas ton premier tambour qui te guide tout au long de ta vie mais qui n’a pas le même rôle à jouer. »
J’ai embrassé Guna, je l’ai serré dans mes bras et je l’ai remercié pour tout le travail accompli ensemble. Je lui ai promis de rendre sa peau à la terre. Guna m’a quitté et est parti serein dans les branches de l’arbre Igtrasyl.
Ce dimanche, j’ai pris toute la peau de Guna et je suis allé dans la forêt au-dessus de chez nous.
J’ai trouvé un cercle d’arbres et j’ai creusé un trou dans notre Mère Terre Gaïa au centre du cercle pour ensevelir Guna.
Sel, tabac, et pensées ont accompagné Guna pour ce dernier voyage.
J’ai posé une pierre ronde recouverte de mousse par-dessus la terre.
Je sens bien que Guna sera toujours présent et que j’ai besoin maintenant de refaire un tambour qui sera dédié aux voyages chamaniques et Quête de Vision dans ma nouvelle intégration de mon chemin de vie.
Je ressens beaucoup de joie en pensant au chemin accompli avec Guna, qui a su me donner l’impulsion de marcher toujours plus loin.
J’ai enlevé des carapaces, des énergies sombres, des doutes, et trouvé le réconfort en te regardant et en te remerciant pour ce formidable passage.
Tout est évolution et tu as su me faire comprendre, cher Guna, que rien n’est acquis et que le travail dans l’énergie continue et continue sans fin. Mon cœur t’appartient et je me réjouis de te retrouver lors de mes prochains voyages…
Alain « Ossian » Rémy
Membre du conseil du Cercle de Sagesse de l’Union des Traditions Ancestrales
et du Collège de Chamanisme Ancestral.