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Erreurs et ressentis

J’ai fait un soin à une femme vers la fin de la trentaine, et tout de suite en commençant ma consultation j’ai reçu un message pour elle : « Elle ne doit pas se fier à ce qu’elle ressent, ce ne sont que des projections de ses conditionnements ».

Bien sûr, je le lui ai dit, alors elle m’a répondu : « Oh mais moi pas de problème, mes ressentis me guident parfaitement et je ressens très bien que j’ai une bonne énergie. »

Je reformule alors : « Tu te fies à tes ressentis pour décider de ta vie, et ils te guident parfaitement bien, c’est ça ? »

« Exactement » répond-elle.

Je lui demande : « Tu fais quoi comme boulot, c’est un truc où tu t’éclates ? »

– « Non, c’est juste alimentaire. Si on peut dire car je gagne très peu et mon loyer me mange presque tout ».

– « T’habites dans un super appart, c’est peut-être pour ça ? »

– « Non, tout petit, bruyant, mais avec ma fiche de paie je pouvais pas postuler à mieux. »

– « Ah d’accord ! Tu n’as pas parlé de ta vie amoureuse, tu en es contente ? »

– « Ben je n’ai pas de vie sentimentale. Le dernier je m’en souviens même pas. C’était un naze comme les autres. »

– « Tu as bien raison de te fier à tes ressentis » lui dis-je sur un ton volontairement appuyé, « ils sont très puissants. »

Les yeux de Stéphanie (c’est son nom) se sont mis à aller d’un sens à l’autre, signe qu’il fallait cette ironie pour lui faire reconnaître l’incohérence.

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Car la plupart des ressentis que l’on a sont des projections inconscientes. « Ma petite voix me dit… » entend-on fréquemment. Mais ce n’est pas la voix des guides, juste des réminiscences des conditionnements (qui sont à l’origine de toutes les souffrances humaines).

À vrai dire, celui qui pratique le chamanisme n’est pas exempté d’office de ces messages sociaux, sauf peut-être s’il a vécu toute sa vie dans la forêt sans les formatages de la société « moderne ». C’est même pratiquement 100 % des « messages » que reçoivent ceux qui se prétendent « chamans sans tradition », ou « chamans libérés des traditions », mais qui devraient plutôt se dire « chamans sans formation » ou « chamans sans conscience ».

Il existe 2 attitudes pour les éviter, qu’il faut utiliser concomitamment :

● L’un consiste à s’entraîner au quotidien à ne juger personne (elle est grosse, il a l’air sympa, il a une voiture coûteuse…). En plus, c’est très libérateur car décomplexant – le juge se sent jugé – et on accueille bien mieux le moment et les personnes présents.

● L’autre à en savoir le moins possible sur la personne qui consulte, car ça risque d’orienter la recherche et on sait qu’en général elle conduit exactement à l’opposé de ce que le consultant croyait – s’il savait lui-même le cheminement de sa problématique, il l’aurait déjà résolue.